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*** Temps de lecture : 5 minutes 30 ***

 

Après avoir vécu presque 20 ans à l’étranger, je me rapproche de mes racines après la pandémie. Je retourne explorer la Charente-Maritime, en France, où est située la maison familiale, en pleine campagne. C’est à ce moment que je découvre que nos nouveaux voisins, Olivier, Corinne et leur fille, sont ultra-sympatiques et, EN PLUS, ils sont à la tête d’une ferme et d’un potager très prisés dans la région, ce qui nous permet de profiter à l’année longue d’aliments vivants, frais, biologiques et chouchoutés comme il se doit !

Et pour la petite anecdote, le nom COOL Potager, c’est le ‘’CO’’ de Corinne et le ‘’OL’’ de Olivier.

Entrevue.

 

1)           Qui es-tu, d’où es-tu originaire et quel est ton parcours ?

Je suis Olivier, j’ai 46 ans, je suis originaire d’Alsace, et nous avons une fille de 11 ans avec ma femme Corinne. Mon parcours, c’est 10 ans de traductions techniques, 3 ans comme artisan dans le BTP (Bâtiment Travaux Publics) en rénovation écologique, et maraîcher depuis 2016.

 

2)           Quand et pourquoi as-tu décidé de fonder le COOL Potager ?

Je me suis installé en 2016. Après un accident professionnel, nous avons décidé de changer de région. C’était en 2014. Au printemps 2015, je faisais un infarctus.

Ce fut une révélation… il était temps de ralentir, de revenir à ce qui était vital, important, souhaitable, utile. Le maraîchage me fut suggéré par des amis, vu mon expérience en permaculture autosuffisante. Cela m’a soudainement sauté aux yeux ! Il fallait que je fasse ce que j’aimais le plus faire et non plus ce qu’on l’on « attendait » de moi. Un truc qui a du sens ! Quelque chose qui fait que tu fais 70h/semaine et que t’as pas l’impression de travailler.

 

3)           Parle-nous un peu de la mission et la vision du COOL Potager !

Je ne pars pas en croisade pour tenter de convaincre d’autres personnes de faire tel ou tel truc. Je fais ce que j’aime, comme je l’aime. Je suis libre. Si ça parle et si des gens adhèrent et veulent faire de même, c’est COOL, mais ce n’est pas un objectif en soi. L’idée de base c’est nourrir sainement ma famille et vendre ce qui reste !

Le principe ici, dans les techniques culturales, c’est de n’intervenir que si c’est vraiment nécessaire et de faire avec la nature, plutôt que contre elle. Nous ne travaillons pas le sol, nous laissons la vie du sol faire le travail pour nous. Nous n’utilisons aucun produit phytosanitaire, même autorisé en biologique. Après 3 ans sur ces parcelles, je pense que nous touchons au but. Le sol n’a jamais été aussi vivant, souple et semble commencer à vraiment changer de texture et de couleur. C’est magique!

Par contre, je mets un point d’honneur à ne cultiver que des variétés que l’on ne trouve pas dans le commerce. J’ai 17 variétés de tomates, aucune n’est rouge. Nous avons des concombres courts et marrons, ou ronds et jaunes, mais pas de longs et verts. J’essaye aussi de faire découvrir des légumes très très peu connus. Et aucune semence n’est hybride. 100% biologique, 100% reproductible. Nous produisons 95% de nos plants et semis. 

 

4)           À quoi ressemble ta journée-type au COOL Potager, quelles sont tes principales activités quotidiennes (en fonction des saisons) ?

Au printemps et à l’automne, c’est 7h-19h, de lundi à dimanche. En été, 6h-12h puis 19h-21h. Une journée type, c’est le soin aux animaux et l’accueil des stagiaires quand j’en ai, entre autres. Il n’y a pas ‘’d’action-type’’ par contre. On fait plein de trucs différents dans la journée. 1h de semis, puis du repiquage, puis de la taille, du désherbage, de l’apport de matière organique, des pauses, des photos pour documenter la page Facebook de la ferme, des promenades dans les jardins pour prendre le temps d’écouter les légumes pousser…

En hiver, nous faisons les apports de broyat sur les parcelles pour préparer la saison suivante. Cela représente environ 150 à 200 mètres cubes à porter, déplacer et étaler.

On va dire qu’on arrive à prendre 15 jours de vacances, du 15 décembre au 1er janvier, mais avec les animaux, impossible de bouger pour le moment. Et même si on pouvait, il n’est pas certain que l’on en ait envie. On est bien ici !

 

5)           Quelles valeurs véhicule le COOL Potager et en quoi est-ce important pour toi de les transmettre ?

J’essaye de faire les choses du mieux possible, en étant le plus naturel possible, en intervenant le moins possible et en restant fidèle à mes convictions environnementales et décroissionistes. Dans l’absolu, je crois qu’on n’a plus trop le choix… A l’heure où il y a un agriculteur qui se suicide tous les 3 jours en France et où tout le monde dit qu’il faut changer les choses, à notre échelle, nous le faisons, tels les colibris. Nous espérons montrer qu’une autre voie est possible, une voie où le paysan n’est plus acculé par les dettes, à l’époque du toujours plus, toujours plus gros, toujours plus polluant.

J’espère que cela se ressent lors des visites à la ferme !

 

6)           Clients, partenaires d’affaires, stagiaires… qui sont-ils ? Parle-nous un peu de ton entourage de travail !

Je fournis 6 restaurants gastronomiques, dont un étoilé Michelin et un récompensé au Gault et Millau, et environ 30 particuliers sur notre liste de diffusion hebdomadaire. Ils semblent plutôt contents ! Quant aux chefs, il s’agit de professionnels très engagés dans l’approche locale et le respect des saisons. C’est un véritable privilège de pouvoir travailler avec eux, car beaucoup adaptent leur carte en fonction de ce qu’on a de disponible. C’est un stress en moins et une super façon de travailler. Avec certains, je récupère même leurs déchets de cuisine, histoire de boucler la boucle. Il y en a qui sont à mes côtés depuis le début, avant même d’avoir commencé à planter, lorsqu’il n’était alors que question de financement participatif pour pouvoir m’installer.

Quant aux stagiaires, il y a tous les âges… le plus jeune a 14 ans, la plus âgée 52 ans. Tous ont un point commun : ils veulent devenir maraîchers, et beaucoup souhaitent utiliser des techniques culturales respectueuses de la vie du sol et biologiques. Quelques jours ici aident à voir l’impact positif de nos pratiques !

Bref, j’ai la chance d’être entouré de plein de gens supers, tous apportent leur pierre à la sauvegarde d’une agriculture paysanne tournée vers la survie de notre espèce.

 

7)           Comment vois-tu le futur pour le COOL Potager ?

C’est le gros souci de mon activité : l’avenir n’est jamais certain ! La nature a son propre rythme, qui n’est pas forcément le nôtre. A priori, je me vois faire ça jusqu’à la fin… J’espère que Dame Nature souhaite la même chose pour moi ! Et pour la suite, le plan c’est de continuer à diversifier nos sources potentielles de revenu, afin de pérenniser la ferme et de pallier les aléas.

 

 

Page Facebook du COOL Potager :

https://www.facebook.com/LeCoolPotager   

 

Photos : Hélène Chebroux & le COOL Potager